Publié le 28/04/2015
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Catégorie : Inclassable

Inclassable 24h avec une responsable d’écurie de tourisme

Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec Barbara Sitbon. Barbara est une ATE (diplômée de tourisme équestre) qui a repris l’écurie les chevaux de Sarnoux depuis deux saisons. Pendant toute la journée je vais pouvoir la suivre dans son univers et comprendre comment elle fait pour gérer une écurie seule.

Depuis toujours le rêve de la jeune femme était d’avoir sa propre écurie. C’est ainsi que lorsqu’elle a entendu que la structure était à reprendre, elle a sauté sur l’occasion ; à l’époque elle était factrice.

Maintenant, Barbara est seule pour gérer ses 31 chevaux dont deux chevaux de propriétaire. L’entreprise ne se compose que de prés de plusieurs hectares, d’une aire de pansage, de quelques cabanons pour entreposer le foin, d’une sellerie et de cinq stalles ouvertes donnant sur un pré de huit hectares. Ces stalles sont utiles pour préparer les chevaux lorsqu’il pleut ou qu’il vente.

Levée aux aurores

A sept heures je retrouve la cavalière aux écuries. Sa première balade n’est qu’à 10 heures mais elle préfère venir assez tôt pour que les chevaux aient bien le temps de manger leur foin et qu’ils soient complètement prêts lorsque les cavaliers arriveront.

Première tâche de la journée : nourrir. Aux barres d’attaches, elle place des tas de foin. Nous sommes huit à partir ce matin plus elle, neuf. Il est ensuite temps de sortir les chevaux. Juste avant de disposer le foin, l’exploitante a appelé ses chevaux. Ils ont l’air d’avoir compris car nous nous retrouvons face à une vingtaine d’équidés qui attendent patiemment. Armée de licols, elle saute le muret des stalles et se retrouve dans son pré au milieu des chevaux. Je note immédiatement combien ils sont gentils et volontaires, pas un seul n’a eu un moment de recul lorsqu’elle s’est approchée avec un licol.

Ici les bais sont notables. En effet, l’ensemble de la cavalerie se compose de chevaux gris. Barbara m’expliquera plus tard que tous les chevaux ici, à l’exception de quelques un, sont nés ici et qu’ils avaient tous un père gris. Seuls Olympe et Melissa ont échappées à la règle et l’une est alezan crins lavés et l’autre baie. Aslan a aussi une robe rouannée mais il est certain qu’il deviendra gris en vieillissant.

Une fois les chevaux attrapés, Barbara les sort. Pour ce faire, elle ouvre simplement la barrière, les y conduit et les lâche. Encore une fois on voit la confiance qui est établie entre les chevaux et la jeune femme. Lorsque nous les retrouvons, ils sont tous à un tas de foin, en train de manger, pas un ne s’est enfui. Lorsque l’on vient d’un club où les chevaux s’enfuient à la première occasion, cette attitude est tout bonnement merveilleuse. Une fois les chevaux attachés aux barres, il est temps de nourrir ceux qui sont restés dans les stalles et dans le pré.

Commençons par le début : les soins

Etant quelque chose que je sais faire, je propose immédiatement mon aide. Avant tout, un petit débriefing. Il ne faut pas perdre de temps et pour cela, il faut simplement insister sur le dos, le garrot ainsi que le passage de sangle. Là où la selle est posée donc. Elle me confie César, celui que je monterais certainement.

Je prends mon étrille américaine et commence à brosser le cheval. Il ne bronche pas d’un poil et continue de manger pendant que je m’active. Une fois terminé, je jette un coup d’œil à Barbara, ce qui confirme mes doutes : j’ai pris trop de temps elle a fait trois chevaux alors que je n’en ai fait qu’un. Je suis une piètre aide en fait mais je ne désespère pas. Je m’attaque ensuite à Aslan. Le petit cheval rouan est aussi serein que son camarade et ne bouge pas une oreille.

Alors que j’ai eu le temps de ne faire que trois chevaux, Barbara a fini le reste. La prochaine tâche c’est bien les pieds. Là je pense que je serais bien plus efficace. Je prends un cure pieds et rapidement je me rends compte que ces chevaux sont, en plus d’être très sereins, très bien dressés et donnent assez facilement le pied. Là je gagne des points et je réussi à faire autant de chevaux que Barbara. Ce n’est pas peu fière que je range mon outil.

Il est temps de seller les montures. Il ne reste que 30 minutes avant l’arrivée des premiers cavaliers. Les selles n’ont pas de cheval particulier ainsi seule Barbara connaît les correspondances. En attendant, elle me charge d’abreuver les montures. Travail facile pour moi. Et les chevaux semblent heureux car je dois m’y reprendre à plusieurs fois afin qu’ils n’aient tous plus soif.

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Déjà l’arrivée des clients

Pendant ce temps, les selles sont sur les chevaux et les premiers cavaliers sont arrivés. En plus de prendre les filets pour les chevaux, Barbara doit accueillir les clients. Nous ne sommes que huit car elle essaye de limiter les groupes à neuf cavaliers afin de toujours avoir un œil sur tout le monde. Je la regarde avec un sourire un peu protecteur puis prends à mon tour quelques filets pour les mettre. Erreur. J’enlève bien sûr le licol pour pouvoir mettre la bride puis une fois le cheval harnaché je me rends compte qu’en fait, elle, elle n’a pas enlevé les licols. Elle m’explique pourquoi : « Je laisse le licol car comme ils ne sont pas serrés et qu’il n’y ait pas de muserolles aux filets fait que ça ne les dérange pas de les garder. Mais pour moi c’est un grand gain de temps car quand je rentre j’ai juste à les attacher et non pas à enlever le filet pour remettre le licol et ensuite les attacher. »

C’est l’heure du départ. Après avoir vérifié que tout le monde ait trouvé une bombe à sa taille, elle distribue les chevaux selon la taille des cavaliers, leur corpulence et bien sûr leur niveau. Comme elle me l’avait annoncé, je prends César. Elle ressangle tous les chevaux une dernière fois et nous donne le feu vert pour monter. Une fois tous à cheval, la guide vérifie à nouveau les étriers de tous les cavaliers. Cette fois, c’est bon. Des dernières recommandations et nous sommes tous détachés.

Nous sommes partis pendant deux heures de niveau confirmé. A peine sur le cheval que je me suis sentie bien confortable, si confortable que j’avais plus aucune appréhension. César, qui a été débourré y a peu de temps, est un cheval qui n’a peur de rien. Aucun cheval du groupe n’a peur d’ailleurs. On monte dans les montagnes, au sommet, avec une vue imprenable sur la Dunière et sur les vallées alentours. De nombreux galops nous attendent au tournant car nous sommes dans un groupe confirmé. Barbara est une guide très à l’écoute qui passe à peu près tout son temps retournée afin d’être sûre que tout le monde aille bien. On discute pendant toute la balade, tout en profitant du paysage et les deux heures à dos de cheval se sont vites envolées.

A peine a-t-on mis pieds à terre que Barbara nous demande de dessangler nos chevaux, pendant ce temps elle se dépêche d’enlever les filets à tout le monde. Puis certains cavaliers commencent à demander à payer. Pendant ce temps, je me permets de prendre quelques seaux pour abreuver nos montures. Aux cavaliers qui demandent s’ils peuvent aider, elle désigne les chevaux qui ne repartiront pas cet après-midi et qu’on peut totalement déharnacher. César faisant partie du lot, je m’attèle à la tâche en vitesse.

Petit à petit les cavaliers s’en vont, après avoir discuté pendant de longues minutes avec Barbara. Le calme retombe à nouveau sur l’écurie. Mais ce n’est pas l’heure du repas pour nous. Elle prend huit seaux et les rempli d’un mélange d’orge aplatie et de luzerne. Dehors, les chevaux s’excitent à l’attache. Je m’empare de quatre seaux et me dépêche de les donner aux « malheureuses » montures.

Rapide pause midi ! Enfin !

Une fois que les chevaux ont fini leur repas, il faut en préparer d’autres. La prochaine balade est à 14h30 et se compose de neuf cavaliers. Les chevaux qui ne repartent pas rentrent au pré et on sort les prochains à partir. Ils ont à nouveau droit à une petite ration de foin afin de passer le temps, et pour ne pas faire de jaloux, ceux au niveau des stalles gagnent aussi une ration supplémentaire.

Il est déjà 13h et il faut vite brosser les nouveaux chevaux. Je prends des brosses en espérant être plus rapide que la première fois. Mon estomac gargouille mais je continue l’effort, voulant désespérément suivre les pas de Barbara. Une fois les chevaux brossés, à nouveau on doit curer les pieds. Là je suis beaucoup plus efficace. La jeune femme selle les nouveaux chevaux pendant que j’abreuve les nouveaux venus. Elle s’excuse quelques minutes afin de faire sa caisse et nous invite à aller nous asseoir dans ce qu’ils appellent un calabaire qui est en fait un petit auvent bien aménagé avec des chaises, une table et des documents sur les chevaux. J’en profite pour prendre mon sandwich afin de manger un peu.

Une dizaine de minutes après nous retrouvons Barbara avec une pêche dans la bouche. Je suppose que c’est le seul repas qu’elle a eu ce midi. Sous le bras elle a sa caisse et dans sa main libre elle tient son agenda ; heureusement qu’elle est bien équipée, l’oreillette lui permet de renseigner les futurs clients tout en étant à cheval mais elle demande à tout le monde de l’appeler le midi, elle n’a pas une minute de répit. Ce à quoi elle nous répond : « Au moins les affaires reprennent en Août car en Juillet on a eu une vingtaine de jours de pluie dans le mois et du coup beaucoup de balades ont dû être annulées. » Une bonne nouvelle donc pour cette exploitante.

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L’après-midi commence à peine

Déjà les premiers cavaliers arrivent. Elle les aide à mettre les bombes pendant que je prends les filets pour les mettre sur les chevaux. Cette fois-ci ce sont des débutants donc ils ne peuvent pas du tout aider. Néanmoins, elle leur demande quand même de donner de l’eau, cela leur permet aussi de s’investir dans l’écurie avant de monter. Une fois tous les cavaliers arrivés, elle regarde les gabarits et leur donne leurs chevaux. Mais avant tout, une démonstration est faite. Dans cette démonstration, devant le regard médusés des grands et petits, elle leur apprend comment monter et diriger son cheval. Pour moi-même c’est un bon rappel des bases, voir ainsi quelqu’un qui monte et qui montre comment faire c’est toujours enrichissant.

Sans oublier de ressangler avant, je l’aide à faire monter les cavaliers qui attendent près de leurs chevaux. Une fois tout le monde à cheval, Barbara règle les étriers de tout le monde et vérifie les sangles. Elle donne des dernières indications et détache les équidés. Puis elle monte à son tour et prend une jeune fille en longe derrière elle. Le départ est un peu désordonné mais finalement tout le monde trouve sa place et ils sont partis pour une heure.

Environ une heure après, elle revient toujours le sourire sur les lèvres. Elle se pose à terre et entreprend d’attacher les chevaux un par un. Puis elle les dessangle juste. Ils repartent à 16h30 donc il n’y a pas besoin de les déharnacher. J’ai le droit d’abreuver les montures, qui manifestement n’ont pas tant soif, pendant qu’elle encaisse la balade et qu’elle discute avec eux. C’est drôle d’entendre leurs commentaires. En tout cas tout le monde est ravi de la balade et a le sourire aux lèvres. Cela doit être super quand on se dit qu’on a contribué à ce bonheur. « Mes plus grands moments de bonheur c’est quand des cavaliers qui ont peur de monter, descendent avec un grand sourire et sont prêts à repartir. » me confie-t-elle.

A peine les derniers cavaliers partis que les nouveaux arrivent. On a juste le temps de remplacer les chevaux qui ont aussi fait ce matin par de nouveaux. On les brosse rapidement en invitant les cavaliers à aider s’ils le veulent. Barbara les selle pendant que je prends les filets et que je commence à brider. Et on recommence. La petite démonstration, mettre les cavaliers à cheval et ils partent.

Une fois Barbara rentrée, je me dis que c’est bientôt la fin de la journée. Honnêtement si j’avais fait autant qu’elle, je serais certainement cassée mais elle garde le sourire et continue à être aussi active que le matin. Cette fois-ci je peux l’aider à déharnacher ce qui permet aux plus jeunes de brosser les chevaux avec un grand sourire. La guide n’hésite pas à apprendre à ceux qui le veulent comment déharnacher.

Le soleil s’en va doucement

Les clients s’en étant allés, je m’asseye quelques secondes pour regarder le pré qui s’étend devant nous. Aujourd’hui était une « petite » journée. En effet, normalement elle a deux poneys qui tournent pour les enfants de moins de sept ans mais aujourd’hui ils ont eu le droit à une journée de repos. Ces journées sont primordiales pour que les chevaux restent volontaires comme ils le sont actuellement. Même pour Barbara, une journée de temps en temps ne peut que lui faire du bien je n’en doute pas. De plus, elle n’a fait que trois balades. Il lui arrive d’en faire quatre voire cinq par jour en pleine saison.

Mais la journée n’est pas finie. Il est temps de nourrir les travailleurs. Pendant qu’ils mangent, elle passe un coup de balai à l’extérieur des stalles, là où elle pose le foin le matin et le midi. Les chevaux rentrent ensuite un par un au pré, une fois leur ration dévorée.

Je m’apprête à m’asseoir pour les regarder et profiter de cette fin de journée mais c’est loin d’être terminé. Armée d’une pelle et d’une brouette, il faut maintenant nettoyer les stalles et la dalle qui les prolonge. C’est à ce moment-là qu’on aime que nos équidés n’aient pas de toilettes !

Après deux-trois brouettes pleines, l’affaire est terminée. L’exploitante se rend au niveau des barres d’attaches et avec un râteau elle enlève le foin qui s’accumule ici depuis ce matin et le vide avec le fumier. Ouf cette fois c’est fini. Aucun cheval n’est à soigner. Toute l’écurie est bien rangée. L’exploitante me demande mon avis sur la journée. « C’est une journée chargée que je ne referais pas tout le temps je crois. C’est très actif et il faut vraiment aimer les équidés pour pouvoir tenir le coup. J’ai eu de la chance qu’il fasse beau car sous la pluie ou dans le froid ça doit être un véritable calvaire. »

Le parcours de l’exploitante

Barbara a un parcours tout à fait atypique pour ce métier. Elle a d’abord fait cinq ans de communication, puis elle a passé son ATE. Après avoir travaillé en écurie en travail saisonnier, elle a finalement trouvé un emploi à la poste en tant que factrice.

Tombée amoureuse de l’Ardèche, elle a réussi à se faire muter là-bas. Lorsqu’elle a entendu parler des chevaux de Sarnoux, elle a voulu se renseigner et s’est proposée en tant qu’ATE. C’est à ce moment-là qu’on l’a prévenue que l’exploitant du moment partait à la retraite et recherche une succession. Barbara a donc décidé de reprendre les chevaux de Sarnoux.

Source image principale : image personnelle

Cavalière depuis l'âge de 10 ans, j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. Aujourd'hui, je suis monitrice indépendante et propose également de l'aide aux entreprises équestres suite à ma licence en management des établissements équestre. Je suis également assistante de direction à Pamfou Dressage

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Commentaires publiés

3 commentaires.

  • Tres intersant article!

  • Merci ! L’expérience était très intéressante aussi !
    Je recommande cette écurie à tout le monde !

  • J’adore !
    Je tombe dessus par hasard et je m’en réjouis
    Tu as si bien décrit Sarnoux et Barbara
    J’espère vraiment te revoir car tu es une personne formidable, l’une des plus belles rencontres que j’ai faite, tu m’as appris pleins de choses

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