école espagnole de vienne
Publié le 20/07/2020
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Catégorie : Inclassable

Inclassable L’École espagnole de Vienne

L’école espagnole de Vienne est la plus ancienne et la plus traditionnelle de toutes les académies équestres. Cette école est un vrai conservatoire des traditions de « l’équitation française ». En plein cœur de Vienne, retrouvez les lipizzans gris qui règnent en maîtres à l’École espagnole.

Pourquoi cette académie s’appelle École espagnole de Vienne alors que les écuyers ne montent que des lipizzans ? Je vous explique :

L’histoire de l’école espagnole de Vienne

Son objectif

À partir du 16ème siècle, l’enseignement de l’équitation académique fait partie intégrante de l’instruction des rois et des nobles. De ce fait, des académies équestres naissent partout en Europe, dont l’École espagnole de Vienne, en Autriche, en 1565.

À sa création, celle-ci a deux buts :

  • instruire l’aristocratie à l’art équestre de la Haute École. Très en vogue à cette époque dans toutes les cours d’Europe ;
  • former les militaires et les chevaux à la guerre. Les airs et les mouvements enseignés permettent de renforcer la musculature des chevaux, et de les rendre plus maniables lors des combats.

En premier lieu, l’École espagnole de Vienne applique les méthodes de dressage venues d’Italie.

Puis, elle évolue vers les principes de “l’équitation française”, codifiés par l’écuyer français François Robichon de la Guérinière. Écuyer ordinaire du manège des Tuileries sous Louis XIV, il préconise la légèreté des aides et l’assouplissement des chevaux.

C’est donc La Guérinière qui établie les bases de l’équitation française. Une équitation plus légère, qui privilégie l’harmonie du rapport homme-cheval.

Contrairement à ses prédécesseurs italiens qui usaient de contraintes et de soumissions envers leur monture. La Guérinière est l’un des premiers écuyers à enseigner que l’on ne peut pas demander le même travail à tous les chevaux.

Son livre École de cavalerie, publié en 1731, est considéré comme une “bible équestre” dans le monde occidental.

La création de l’académie espagnole de Vienne

Depuis ses débuts, l’École espagnole de Vienne n’utilise que des chevaux andalous, directement importés d’Espagne. Leur élégance et leurs allures relevées font d’eux des chevaux très appréciés à cette époque pour l’équitation académique.

C’est donc pour cette raison que cette académie porte le nom d’École espagnole de Vienne.

Dès 1580, l’importation d’andalous devient difficile en raison des problèmes géopolitiques et financiers de l’Autriche.

Ainsi, Charles II décide de produire des chevaux sur ses terres avec l’aide de son frère l’empereur Maximilien II. Ils choisissent le domaine de Lipizza, près de Trieste sur le plateau du Karst en Italie. Le climat et le sol calcaire de cette région façonnent des chevaux robustes depuis l’antiquité. Aujourd’hui le village de Lipizza s’appelle Lipica car il appartient à la Slovénie.

Des croisements entre ces chevaux locaux et des chevaux andalous, entre autres, donnent naissance au célèbre Lipizzan. Ce dernier devient alors officiellement la race exclusive de l’École espagnole de Vienne en 1735.

Désormais, les écuyers de l’École espagnole de Vienne maîtrisent l’art de la Haute École à la perfection avec leurs lipizzans gris. Toutes les cours d’Europe s’empressent de venir admirer leurs galas.

Mais à la chute de l’empire austrois-hongrois, en 1918, l’École espagnole de Vienne et les lipizzans sont mis à rude épreuve. En effet, les différentes guerres et conflits menacent l’extinction de l’académie et la race lipizzane.

Heureusement, de généreux donateurs et l’organisation de représentations publiques contribuent à la survie de cette prestigieuse académie.

En 1920, suite au traité de Versailles, le village de Lipica est rebaptisé Lipizza car il est annexé à l’Italie. Les lipizzans de Lipizza sont alors transférés définitivement au haras de Piber, au sud-est de l’ Autriche.

Ce haras devient alors le lieu d’élevage officiel et exclusif des lipizzans destinés à l’École espagnole de Vienne.

Le manège d’hiver, Winterreistschule

Le premier manège de l’École espagnole de Vienne est construit en 1565, sur la place Josefplatz du palais impérial Hofburg à Vienne. Ce n’est alors qu’une installation rudimentaire.

En 1681, l’empereur Léopold Ier fait reconstruire un nouveau manège, bien plus confortable. Ce bâtiment de deux étages, accueille en 1683 la bibliothèque de la cour impériale au premier étage, et l’École espagnole de Vienne au rez-de-chaussée.

Malheureusement, le bâtiment subis d’importants dégâts lors de l’invasion de la ville par les ottomans. Il faut attendre 1722 pour que Charles VI lance les travaux de reconstruction et de modernisation du manège pour l’école espagnole de Vienne. L’empereur confie donc cette tâche à l’architecte Johann Bernhard Lischer Von Erlach. Il reconstruit d’abord la bibliothèque, puis le somptueux manège de l’École espagnole de Vienne que nous connaissons aujourd’hui. Sa construction commence en 1729 et s’achève en 1735.

C’est une grande salle de type baroque qui s’élève sur 4 étages, entourée par de hautes fenêtres.

Le manège mesure 55 m de long, 18 m de large et 17 m de hauteur. Près de 46 colonnes ornent la salle et soutiennent deux galeries qui accueillent le public. De nombreuses moulures baroques ainsi que trois magnifiques lustres en cristal agrémentent le plafond.

À l’extrémité du manège se trouve la loge impériale où trône un portrait de l’empereur Charles VI chevauchant un Lipizzan. D’ailleurs, la tradition veut que chaque cavalier qui entre dans le manège doit saluer l’empereur avant de commencer à travailler.

Ce manège est un vrai chef d’oeuvre architectural de l’époque impériale. Il est inscrit, depuis 2001, au patrimoine culturel matériel de l’UNESCO. Il est considéré comme le plus beau manège du monde.

L’École espagnole de Vienne de nos jours

En 2001, l’École espagnole de Vienne et la haras de Piber fusionnent pour devenir une seule société « School riding spanish – Lipizzaner Stud Piber ».

L’académie est placée sous l’autorité du gouvernement fédéral d’Autriche. Elle a donc pour missions de préserver et de faire la promotion de l’École espagnole de Vienne et de l’élevage traditionnel des lipizzans de Piber.

Aujourd’hui, les écuyers présentent des spectacles au sein de l’école mais aussi dans le monde entier.

Les visiteurs du manège peuvent réserver des visites guidées du bâtiment et assister aux entraînements matinaux.

L’équitation de tradition française pratiquée par l’École espagnole de Vienne est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2011.

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La cavalerie de l’École espagnole de Vienne

L’élevage des Lipizzans

Depuis la fin de la première guerre mondiale, les lipizzans de l’École espagnole de Vienne sont tous issus du haras de Piber. Ils sont exclusivement entiers et de robe grise.

Après leur sevrage, dès 6 mois, les poulains rejoignent des alpages (1500 m d’altitude) où ils restent les 3 premières années de leur vie. C’est cet environnement montagnard qui les rend si robustes.

Après ces trois années, les chevaux redescendent au haras de Piber où ils sont débourrés. Ils subissent ensuite des tests d’aptitudes afin d’intégrer ou non l’École espagnole de Vienne. Les chevaux non sélectionnés sont vendus ou deviennent reproducteurs.

Etalon Lipizzan de l'école espagnole de Vienne
Étalon Neapolitano Aga,
Copyright © 2005 David Monniaux

Le travail des lipizzans

Le travail des entiers commence à l’âge de 4 ans au centre d’entraînement d’Heldenberg. Ce dernier est situé à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Vienne.

Les chevaux commencent à travailler très progressivement. D’abord en longe, puis aux longues rênes, et enfin ils sont montés. Leur apprentissage peut prendre jusqu’à 6 ans.

L’éducation d’un lipizzan de l’École espagnole de Vienne se décompose en trois étapes :

  • La remonteschule, où le cheval apprend d’abord les bases : répondre aux aides de son cavalier et marcher droit ;
  • la campagneschule, où le cheval apprend ensuite à se rassembler et à exécuter des déplacements latéraux ;
  • la holeschule, où l’on apprend au cheval les figures de dressage les plus complexes (pirouette, piaffer, passage…).

Les Lipizzans de l’académie autrichienne retournent plusieurs fois par an au centre d’entraînement d’Heldenberg pour se reposer en pleine nature.

Après une longue carrière de bons et loyaux services, les entiers de l’École espagnole de Vienne vont couler une retraite bien méritée au haras de Piber.

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Les écuyers de l’École espagnole de Vienne

Le recrutement des écuyers

Le recrutement des élèves se fait après le passage de tests pratiques et théoriques. Les candidats doivent avoir au moins 16 ans. Ils doivent disposer de certaines compétences :

  • mesurer idéalement 1,72 m ;
  • savoir parler allemand, ou à défaut anglais ;
  • avoir un esprit créatif ;
  • être sportif ;
  • avoir une bonne connaissance des chevaux ;
  • avoir un niveau équestre équivalent au R1 ou RD1 de la licence équestre autrichienne, ou bien le RA4 ou LK5, S5 de la licence allemande.

L’instruction des élèves

Ecuyer en chef de l'académie de Vienne
Écuyer en chef A. Hausberger et Maestoso Basowizza
Copyright © Machoxx

La maîtrise à la perfection des airs de Haute École demande aux élèves 8 à 10 ans de formation au sein de l’École espagnole de Vienne.

Les deux premières années, les élèves apprennent l’entretien des écuries et du matériel, ainsi que les soins spécifiques apportés aux étalons.

Ensuite, les élèves ne montent que des chevaux tenus en longe. Ils apprennent à acquérir une assiette et une indépendance des aides irréprochables.

Ce n’est qu’à l’issue de cette période que les élèves peuvent prendre le contrôle d’une monture expérimentée. On leur enseigne alors l’art de l’équitation académique.

Par la suite, les élèves se voient confier l’éducation complète d’un jeune lipizzan pour lui apprendre les airs de Haute École.

En savoir plus

Si vous êtes en vacances en Autriche, que vous êtes passionné par l’histoire, les chevaux et la Haute École, faites un détour par l’École espagnole d’équitation !

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Passionnée par les chevaux et rédactrice sur Cheval Partage

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