Publié le 14/04/2021
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Catégorie : Célébrités

Célébrités Salim Ejnaïni : rencontre avec un cavalier de saut d’obstacles aveugle

Pour cet article, il me tenait à cœur de vous présenter Salim Ejnaïni, un cavalier français de saut d’obstacles. Je l’ai connu via les réseaux sociaux, il y a plusieurs années. Je regardais un de ses parcours de saut d’obstacles quand j’ai remarqué qu’il suivait un autre cheval. J’ai trouvé cela très étrange ! Ce n’est qu’à la fin de son tour que j’ai compris que ce cavalier était aveugle.

Pour mieux vous le faire connaître, j’ai demandé un entretien à Salim. Il a accepté avec joie. Vous trouverez tout au long de l’article des propos récoltés au cours de notre discussion.

Voici donc ma vision de Salim Ejnaïni :

Salim Ejnaïni, un petit garçon amoureux des chevaux

Salim Ejnaïni est né à Bordeaux de parents marocains. Il n’a que 6 mois lorsqu’on lui diagnostique un cancer de l’œil.

Salim découvre les chevaux à Disneyland Paris, où travaillait sa mère. Le responsable des écuries voit alors l’éclat caractéristique de la passion équestre dans ses yeux : « ah non mais ce n’est pas possible, il faut pas le laisser juste caresser les poneys, non ce gamin est passionné, faut lui faire faire une balade ! ». Salim met le pied à l’étrier pour la première fois lors d’une balade à poney dans Disneyland.

Mais c’est à l’âge de 12 ans, avec l’institut éducatif pour malvoyant, qu’il participe à sa première leçon d’équitation. Ce cours, mais aussi la balade à poney réalisée plus jeune, restent aujourd’hui encore d’extraordinaires souvenirs pour Salim Ejnaïni.

Le virus de l’équitation a fini de le contaminer. Il veut alors en faire SON sport. Le jeune garçon qu’il était craint un refus de sa mère à cause de la dangerosité de l’équitation et de son coût important. Mais à son plus grand soulagement, elle accepte. Elle passe alors une année à trouver une personne assez folle pour embarquer dans leur aventure.

En janvier 2004, Salim Ejnaïni et sa mère poussent la porte d’un centre équestre à Boulogne-Billancourt. Ils y rencontrent un moniteur néophyte en déficience visuelle, mais partant pour tenter l’expérience.

Pour plus de sécurité, le cavalier débute avec des cours particuliers. Puis en septembre, il rejoint les cours collectifs. Salim Ejnaïni a près de 8 mois d’avance sur ses camarades : « Donc au lieu d’être le mec qui voit rien, qui en plus est en retard et qui retarde tout le monde, j’ai pu faire le malin en aidant à sangler ou curer les pieds. »

À l’âge de 16 ans, Salim Ejnaïni perd totalement la vue. Mais loin d’être une fatalité, cela est presque un soulagement. Il a pu développer ses autres sens et ainsi se concentrer sur l’essentiel : son ressenti.

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Le début d’un rêve équestre

Salim Ejnaïni, cavalier de saut d'obstacles aveugle
© Sylvain du Bois – Page Facebook de Salim

La famille de Salim déménage après l’obtention de son galop 3, le premier galop de découverte de l’obstacle. Son nouveau centre équestre n’est autre que celui de Laetitia Bernard, 5 fois championne de France handisport de saut d’obstacles. Elle a été guidée entre autres par le champion olympique Michel Robert.

La société hippique de Blanquefort accueille alors le cavalier aveugle « comme leur poulain ». La compétition n’était qu’un rêve secret pour le jeune cavalier, mais en partant de la visite d’accueil, ils lui disent « t’inquiète pas, ici tu feras du concours ».

Salim Ejnaïni est une personne très humble. Il a du mal à vraiment croire en ses rêves. Mais il prouve sa détermination et débute les compétitions lors du jumping de Bordeaux, en 2008. Il bat alors son idole, Laetitia Bernard, et se retrouve juste derrière Ophélie de Favitski, une autre cavalière de haut niveau dans cette discipline.

À ce moment, il commence vraiment à croire qu’il peut concourir dans « la cour des grands ». Il se surpasse à chaque parcours.

« Au début, on en rêve un peu, on se dit peut-être de loin, après petit à petit on commence à se voir dedans, à se réveiller un peu. »

Maintenant que vous connaissez l’histoire atypique de Salim Ejnaïni, j’aimerais vous montrer sa façon particulière de pratiquer l’équitation, mais aussi de voir les chevaux :

Un cheval d’aveugle pour Salim Ejnaïni

Pour ce cavalier non-voyant, le plus important est de construire une belle complicité avec sa monture. C’est dans l’harmonie du couple cavalier-cheval que les obstacles sont franchis.

Il veut partager son adrénaline et sa victoire avec son cheval. La confiance mutuelle est donc centrale pour Salim : « Quand il est avec moi, quand on est tous les deux et que l’on a envie d’aller au bout, d’atteindre un objectif, je sais qu’on est vraiment tous les deux dedans, et qu’on l’obtient vraiment ensemble. »

Pour choisir son partenaire, comme beaucoup de cavaliers, il écoute son instinct et ressent le feeling qui passe ou non. Rapsody, le cheval avec lequel il a mis en place sa méthode, est très attentif à Salim.

« Un cheval d’aveugle, ça n’existe pas. Il n’y a pas de mode d’emploi pour apprendre à son cheval à travailler avec quelqu’un qui ne voit pas. C’est juste l’habitude. »

Pour pallier l’absence de vue de Salim, Rapsody traduit ses intentions en gestes, en contact ou en bruit. Rapsody protège même son cavalier : « au paddock par exemple, c’est un joli bazar, allez mettre un mec qui voit que dalle là-dedans, c’est assez drôle. Et lui il va toujours avoir l’anticipation de se décaler quand quelqu’un arrive sur nous […] comme s’il nous protégeait tous les deux. »

Comme il aime bien le dire, Rapsody est son confident, et ils discutent souvent ensemble autour d’un seau de carottes : « c’est vraiment mon pote, il est toujours à surveiller ce que je suis en train de faire ».  

Le para-cso : comment enchaîner un parcours quand on est un cavalier aveugle ?

Comme tous les cavaliers de saut d’obstacles aveugles, Salim a commencé les compétitions en étant guidé par un couple cavalier-cheval. Son cheval suivait la monture guide, lui permettant ainsi de se concentrer sur sa position. Le guide était ses yeux et lui indiquait les changements de direction ainsi que les contrats de foulées.

Cette pratique a beaucoup aidé le jeune homme à ses débuts. La demande en énergie est moindre pour le cavalier, et les sensations sont exceptionnelles, notamment lors des barrages. Cette pratique aide également les non-voyants à dédramatiser la vitesse.

Voici une vidéo de Salim et son ancien compagnon, Ivoire :

YouTube player

Cependant, Salim trouve cette pratique dangereuse dans certaines situations. En effet, le compétiteur aveugle se tenant très près de son guide, un accident peut rapidement arriver en cas de chute.

Lors de l’interruption du circuit national handisport au milieu de l’année 2015, Salim Ejnaïni opère alors un grand changement. Il teste une autre pratique avec des guides à pied : « j’ai voulu récupérer les éléments que je trouvais partout, en adaptant ça à de la compétition, en me disant vraiment, je vais me rendre le plus performant possible.»

Cette technique permet au cavalier d’être seul en piste, guidé par des crieurs et son coach, à pied. Cette pratique est beaucoup moins répandue, car non organisée par la fédération et exigeante pour le cavalier, son équipe et les organisateurs du concours :

  • Le cavalier doit gérer beaucoup d’indication : ce que lui dit son coach, son cheval et les crieurs.
  • Le coach guide son cavalier à pied durant son parcours, ne lui criant que des informations de direction : droite, gauche, ligne, évase.
  • Les organisateurs du concours mobilisent des personnes, des crieurs bénévoles à côté de chaque obstacle pour crier « là là là » (suivant le principe de l’écholocalisation). En effet, c’est un mot assez court pour que le cavalier puisse se repérer spatialement et ressentir la distance à parcourir.

Je trouve le rôle de crieurs intéressant car ce sont généralement des personnes que le cavalier ne connaît pas. Il doit alors leur faire une entière confiance pour le guider. Cela a également permis au cavalier non voyant de faire de belles rencontres. En effet, c’est lors d’un parcours que son idole, Guillaume Canet, se propose en tant que crieur. Un rêve se réalise pour Salim Ejnaïni !

En savoir plus sur Salim Ejnaïni

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce cavalier d’exception, je vous recommande son livre autobiographique : « L’impossible est un bon début », que j’ai dévoré en quelques heures. Il expose avec humour son parcours, sa vie et sa philosophie. Et petit bonus : la préface est signée Guillaume Canet !

Vous pouvez aussi retrouver Salim sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, TikTok, Youtube.

Cela me tenait à cœur de vous faire découvrir ou redécouvrir Salim Ejnaïni car cela permet de voir que certaines personnes, contre vents et marrées, se dépassent pour réaliser leurs rêves.

Alors croyez en vous, travaillez dur pour réaliser vos rêves, et toujours avec passion ! 🙂

Racontez-moi si vous aussi avez su surmonter un handicap grâce aux chevaux ou si vous avez déjà pu assister à des parcours équestres handisport 🙂

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