Rhinopneumonie équine
Publié le 21/11/2018
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Catégorie : Maladies et blessures

Maladies et blessures La Rhinopneumonie équine

Si vous faites partie du monde du cheval, vous avez forcément entendu parler au printemps dernier de la rhinopneumonie équine. Après une crise “épidémique”, et encore quelques cas récents, il est grand temps de décrypter cette maladie et de vous l’expliquer sous toutes ses coutures.

Description de la Rhinopneumonie équine

A quoi est due la rhinopneumonie ?

La rhinopneumonie est une maladie virale, due à un herpèsvirus équin (HVE) dont il existe plusieurs types : les types 1, 3 et 4 sont ceux qui causent le plus couramment des signes cliniques chez les chevaux.

Le virus HVE-3 est responsable d’une infection génitale transmissible appelé Exanthème Coïtal Equin. Nous parlerons probablement de cette maladie dans un autre article, pour l’heure arrêtons-nous sur les types 1 et 4 qui sont ceux responsables des troubles observés au printemps 2018.

Contamination

Le virus est très fréquent, et se transmet facilement par voie oro-nasale. Autrement dit, les chevaux se contaminent au contact les uns des autres, en se renfilant nez à nez, en buvant dans le même abreuvoir, en mangeant dans la même mangeoire, etc.

Ce virus est relativement peu résistant dans le milieu extérieur mais il peut tout de même survivre plusieurs jours dans la paille, le foin, le sol, sur le matériel contaminé… si les conditions sont favorables.

On considère que de nombreux chevaux sont porteurs de ce virus, tant il est fréquent et hautement contagieux. En revanche, le virus, une fois qu’il a infecté le cheval, reste présent “en dormance” dans l’organisme sans créer de signes cliniques. Le virus va ensuite être réactivé à la faveur d’un stress, ou d’une baisse de l’immunité : transport, changement d’environnement, infection concomitante, etc.

La rhinopneumonie équine est très contagieuse et peut se transmettre par simple contact avec un cheval ou du matériel contaminé.

Les différentes formes de rhinopneumonie

  • La forme respiratoire : elle est due à HVE-4 ou HVE-1, relativement “bénigne” pour le cheval. Il s’agit d’une atteinte respiratoire dont le cheval se remettra en quelques jours ou quelques semaines, le plus souvent sans séquelles ;
  • La forme abortive : due à HVE-1, elle provoque un avortement à partir du 7ème mois de gestation chez la jument, y compris si elle a été infectée depuis longtemps ;
  • La forme neurologique : due uniquement à HVE-1, elle provoque une encéphalomyélite et donc des signes nerveux graves entraînant souvent la mort.

Les signes cliniques de la Rhinopneumonie équine

Les signes cliniques dépendent bien entendu de la forme que va développer le cheval :

Forme respiratoire

Elle correspond à un syndrome respiratoire aigu qui dure une dizaine de jours : on observe de la fièvre et du jetage nasal souvent muco-purulent (blanc jaunâtre, épais).

Les signes peuvent aller jusqu’à des difficultés respiratoires : le cheval respire fort et vite, et on peut parfois observer, comme chez les chevaux emphysémateux, une contraction abdominale lors de l’expiration.
La toux est plus rare mais peut également être présente.

La guérison se fait après ces 10-15 jours, mais certains chevaux auront bien entendu besoin d’un soutien respiratoire. La plupart d’entre eux sortira de cette phase sans séquelles, à condition de bien prendre en compte le confort de vie du cheval durant la maladie.

Forme neurologique

La forme neurologique correspond à une encéphalomyélite, c’est-à-dire une infection du système nerveux central (encéphale et moelle épinière). On observe également de l’hypertermie dans cette forme, associé à des signes nerveux : perte d’équilibre (ataxie) pouvant parfois aller jusqu’à la paralysie, incontinence urinaire…

Les signes nerveux les plus graves conduisent dans une grande partie des cas à la mort ou à l’euthanasie du cheval.

Forme abortive

La forme abortive concerne donc bien entendu les juments gestantes. Elles avortent sans autre signes à partir du 7ème ou 8ème mois de gestation, même si elles ont été infectées bien avant.

On pensera donc souvent à la rhino, ou du moins on la suspectera, lorsque les juments avortent sans raison en fin de gestation.

La rhinopneumonie équine peut entraîner un avortement chez la jument pleine.

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Que faire face à la rhinopneumonie ?

Diagnostic

Le diagnostic doit bien entendu être fait par un vétérinaire, mais il est important que vous lui en parliez dès l’apparition des premiers signes cliniques.

Le vétérinaire se basera sur les signes qu’il observe et sur quelques examens pour mettre en évidence la maladie : en général, on réalise un écouvillon naso-pharyngé et/ou une prise de sang pour la forme respiratoire et la forme neurologique, et un prélèvement sur l’avorton pour les cas de forme abortive.

Une PCR est réalisée sur ces prélèvements en laboratoire afin de confirmer le diagnostic et le type de virus (HVE1 ou HVE4).

Traitement

Etant donné que l’infection est virale, il n’existe pas de réel traitement. On mettra en place un soutien respiratoire pour les chevaux atteints de la forme respiratoire, et un traitement symptomatique afin de maintenir le cheval debout dans la forme nerveuse (ce qui aidera la guérison).

Aucun traitement n’est nécessaire pour la forme abortive puisqu’il n’existe aucun signe chez la jument.

Prévention

Même s’il n’est pas efficace à 100%, il est recommandé de vacciner les chevaux contre la rhinopneumonie, et notamment les poulinières.

Le principal moyen de lutte contre la rhinopneumonie est la vaccination. Il existe un vaccin qui protège contre les types 1 et 4 et certains qui protègent uniquement contre le type 1.

Cette vaccination n’est pas obligatoire pour la majorité des chevaux, mais elle l’est pour les étalon disponibles en IA et les poulinières TF, PS et AQPS. Elle est en revanche grandement conseillée pour toutes les juments à la reproduction pour sa protection contre la forme abortive.

La vaccination n’est pas efficace à 100% mais le but de celle-ci est de réfléchir de manière collective : la vaccination ne doit pas être vue comme une protection individuelle mais une protection d’effectif. Plus le nombre de chevaux vacciné est important, moins le virus est capable de circuler en sein des populations de chevaux et donc plus vite il est éliminé.

D’autre part, il est important de bien isoler les chevaux atteints et de respecter des règles de désinfection et de nettoyage (du matériel, des mangeoires et abreuvoirs, de nous-même) lorsque l’on passe d’un cheval à un autre : ne pas caresser un cheval sain après s’être occupé d’un cheval malade, ne pas mélanger les mangeoires, les seaux, etc.

Vétérinaire de métier, j'adore décrypter et expliquer les maladies du cheval et ses conséquences, et partager les astuces pour entretenir au mieux son cheval.

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