Hier, le 8 juin 2021, ma jument a fêté ses 3 ans pieds nus. Je vous raconte :
Pourquoi j’ai passé ma jument pieds nus ?
Une jument ferrée uniquement des antérieurs
Quand j’étais plus jeune, tous les chevaux et poneys que je montais étaient ferrés des 4 pieds, et cela me paraissait tout à fait normal. J’ai quitté le monde du cheval durant quelques années, et quand j’ai repris l’équitation j’ai remarqué que la jument que j’avais en demi-pension (et que j’ai acheté depuis :p) n’était pas ferrée des postérieurs – seulement des antérieurs.
Je me suis alors demandée : pourquoi elle n’avait pas de fers aux postérieurs ?
La réponse était très simple : elle vivait au pré en troupeau. Tous les chevaux du pré étaient déferrés de derrière afin d’éviter des blessures potentiellement dramatiques en cas de coup de sabot.
Pour autant, il s’agissait d’une écurie de CSO et tous les chevaux sortaient donc en concours régulièrement. Nous avions en outre un accès direct à de nombreux chemins de balade très arides voire caillouteux. Moi qui était persuadée que le pieds nus était tout juste bon pour les chevaux à la retraite, et certainement pas compatible avec des terrains caillouteux ou des carrières sportives, cela m’a interloquée.
Néanmoins, je l’avoue, n’ayant la jument qu’en demi-pension à cette époque, je n’ai pas cherché plus loin.
Quand les certitudes volent en éclats
Par la suite, je l’ai achetée. Et j’ai commencé à me renseigner un peu sur le pieds nus. J’ai très vite compris que je faisais fausse route sur les fers. S’ils étaient judicieux à l’époque où les chevaux faisaient la guerre, servaient de moyen de transport ou travaillaient dans les champs, dans bien des cas ils n’ont plus d’utilité aujourd’hui – voire sont même néfastes.
En effet, ferrer un cheval empêche à ses pieds de fonctionner correctement. Sans parler de toutes les vibrations que les tendons subissent à cause du raisonnement des fers, ou encore la perte de proprioception du cheval puisque ses pieds sont insensibilisés. D’ailleurs, ma jument trébuchait très souvent, sur tous types de sols, jusqu’à se retrouver sur les genoux régulièrement. Les abcès étaient également monnaie courante.
Et d’ailleurs, j’ai également appris qu’il était tout à fait possible de concilier pieds nus et carrière sportive. Des chevaux concourent même à haut niveau, dans différentes disciplines. Trop peu encore, mais ça vient petit à petit.
Bref, l’idée de la passer pieds nus a commencé à germer dans ma tête.
Difficile pourtant de passer à l’action
Au fil des mois, je commençais donc peu à peu à avoir envie de passer ma jument pieds nus. Néanmoins, je n’osais pas franchir le cap pour diverses raisons :
La peur de la période de transition : je l’avoue, à l’époque je sortais régulièrement en concours et je redoutais la période de transition (je vous en parle plus bas). Je n’étais pas sûre d’avoir envie de mettre sur pause mes ambitions sportives. Sans parler de toutes ces histoires horribles qu’on lit sur Internet, et qui ne donnent clairement pas envie de se lancer – encore moins seule.
Le manque de connaissances et de soutien dans mon entourage : j’étais suivie à l’époque par un maréchal ferrant pro fers, tous les chevaux à l’écurie étaient ferrés, bref personne n’avait la moindre expérience du pieds nus. J’avais peur de me lancer seule dans cette aventure. Et ne connaissais aucun pareur spécialiste du pieds nus pour m’accompagner.
La clé du succès pour le pied nu, c’est le mouvement. Or ma jument était passée (à contrecoeur) dans un petit paddock toute seule. Donc clairement, le mouvement n’allait pas pouvoir se faire dans son habitat naturel, il aurait fallu que je la fasse énormément marcher en main chaque jour ce qui n’était pas possible pour moi à l’époque.
Ma jument est donc restée ferrée des antérieurs pendant encore 2 ans après son achat.
La période de transition
On passe enfin ma jument pieds nus !
Et puis, j’ai changé d’écurie. J’ai déménagé ma jument dans une pension de type paddock paradise, une structure justement pensée pour favoriser le mouvement des chevaux. J’y suis encore aujourd’hui d’ailleurs. Ici, tous les chevaux vivent en troupeau et sont pieds nus.
En effet, avoir des fers dans un paddock paradise, c’est trop dangereux :
les fers aux postérieurs peuvent gravement blesser les autres chevaux,
les fers aux antérieurs peuvent se coincer dans les filets à foin et ainsi arracher les fers.
Bref, il était convenu qu’on enlèverait les fers de ma jument au prochain passage du podologue. Cette fois-ci, j’étais prête à franchir le pas car toutes les conditions semblaient réunies :
Un pré aménagé en pistes pour favoriser le mouvement,
Des sols différents dans les prés pour stimuler le pied,
Une gérante et des propriétaires qui ont l’habitude du pieds nus et qui pouvaient me conseiller,
Une alimentation pauvre en herbe et sans céréales (car oui, le sucre c’est très mauvais aussi pour les pieds !),
Un podologue vraiment excellent et en qui je pouvais avoir confiance,
Et à côté de ça, j’étais prête mentalement à faire une croix temporairement sur les concours, et à plutôt m’orienter sur du travail à pied etc (chose que j’ai toujours adoré faire, soit dit en passant).
La période de transition
Comme tout le monde je suppose, je redoutais la période de transition. J’avais peur que ma jument boite, et je culpabilisais à l’idée de la voir souffrir, même en sachant que c’était pour son bien.
Pour rappel, quand on met des fers à un cheval, il ne sent plus rien puisque rien n’est au contact avec le sol si ce n’est le fer. D’ailleurs, la fourchette ne joue pas correctement son rôle de pompe. Donc quand on enlève les fers d’un cheval, il est souvent hyper sensible au début. Un peu comme nous quand on essaye d’aller marcher dehors sans nos chaussures… ça fait mal. Il faut donc attendre plusieurs mois le temps que le pied s’habitue et retrouve un fonctionnement normal. En général, on dit que la période de transition dure 6 à 8 mois, mais ça dépend énormément des chevaux, de ce qu’on fait, etc.
Pour ma part, je dois l’avouer, j’ai eu énormément de chance. Ma jument n’a jamais boité sur les sols habituels, simplement sur les cailloux au début. J’ai vu ses pieds se métamorphoser au fil des mois – oui oui, même les postérieurs, qui étaient pourtant déjà sans fers. Mais le parage d’un maréchal formé aux fers et celui d’un spécialiste du pied nus n’est pas le même.
Je l’emmenais régulièrement marcher en main sur des sols durs mais pas ou peu caillouteux. Et continuais de la monter en carrière et de la travailler à pied, comme d’habitude. Elle n’a pas montré de gène particulière. Mieux encore, elle a complètement arrêté de trébucher !
Bref, pour moi la période de transition ça n’a vraiment pas été compliqué.
Retrouvez Cheval Partage sur YouTube
Cheval partage a désormais sa propre chaîne YouTube. Abonnez-vous pour être sûr de ne rater aucune de nos vidéos ! Au programme des prochaines vidéos : séances commentées, tests de produits, tutoriels, idées d’exercices, réflexions équestres… Mais toujours dans le respect et l’amour du cheval.
Par la suite, j’ai pu reprendre les balades montées avec ma jument, sur tous types de sols. Au début, je lui laissais choisir ses chemins car elle était quand même un peu boiteuse sur les sols caillouteux.
Mais très vite je me suis rendue compte que plus je la sortais, et moins elle avait mal. En d’autres termes, plus ses pieds étaient stimulés, et mieux ils fonctionnaient.
J’ai également remarqué que c’est pas parce qu’un cheval est à l’aise un jour, qu’il l’est forcément le lendemain. Non, ses pieds sont vivants, et rien n’est acquis définitivement.
Aujourd’hui je sais par exemple qu’après une période très pluvieuse (en fin d’hiver par exemple) ma jument va être sensible sur les cailloux durant quelques temps. Mais qu’il suffit de refaire quelques sorties, en s’adaptant à son rythme, pour que tout rentre dans l’ordre et qu’elle ne craigne plus rien, pas même les cailloux.
J’ai aussi remarqué que marcher sur de la route c’est top car ça permet vraiment d’entretenir les sabots, de limer en quelque sorte la corne. Bon il ne faut pas en abuser, car justement après c’est trop court et le cheval a mal, mais à petite dose, c’est top pour “entretenir” le pied entre deux parages.
Enfin, j’ai pu constater que la corne ne pousse pas de la même manière tout au long de l’année. Durant l’hiver, la corne de ma jument pousse très peu. Alors qu’au printemps, le podologue a toujours beaucoup à faire ! L’idéal serait que j’apprenne à entretenir moi-même les pieds entre 2 parages, afin de lui garder des pieds en super état tout au long de l’année. J’avais prévu de suivre un stage l’année dernière, mais il a été annulé à cause du Covid-19… Ce n’est toutefois que partie remise !
Gérez tous les soins de votre cheval avec le Carnet de cavalière ! Suivi des parages et ferrures, compte-rendus de consultation de l’ostéopathe, du dentiste et d’autres praticiens, gestion des vermifuges, suivi des cures… Et bien d’autres surprises !
Un outil complet et éco-responsable, signé Cheval Partage.
Cela faisait donc quelques années que je m’intéressais aux pieds nus, sans toutefois oser franchir le pas car j’estimais que toutes les conditions n’étaient pas réunies. Mais il y a trois ans, lorsque j’ai changé d’écurie, tous les voyants étaient enfin au vert ! J’ai donc pu lui retirer ses fers. Non sans craintes bien sûr, mais fière d’essayer et de me donner les moyens de réussir.
Depuis, je n’ai jamais regretté cette décision. Oh bien sûr, ça reste contraignant. Avec les fers, il faut avouer qu’on se prend moins la tête ^^ Je mentirais si je disais que cela n’a jamais nécessité des adaptations de ma part. En réalité, il y a eu plusieurs balades écourtées, et des trajets modifiés pour m’adapter aux pieds de ma jument. Mais rien de réellement gênant, surtout comparé à tous les bénéfices que cela a apporté (elle ne trébuche plus, ne fait plus d’abcès, ses fourchettes ne pourrissent plus…).
Je suis consciente aussi que tout ne se passe pas toujours aussi bien. Mais bien souvent (pas toujours) c’est parce qu’il y a d’autres problèmes derrière :
l’alimentation du cheval est-elle réellement adaptée ? Une herbe trop grasse ou une ration trop riche nuisent à la bonne santé du pied par exemple.
le cheval peut-il se déplacer ? Si votre cheval vit au box ou dans un mini paddock, clairement la transition sera plus compliquée. Il vous faudra prendre le temps de le sortir énormément sur tous types de terrains (à pied dans un premier temps). D’ailleurs, même si le cheval a des conditions de vie idéales, c’est important de le faire marcher régulièrement en dehors de son pré.
le professionnel est-il spécialiste du pieds nus ? Qu’il soit maréchal ferrant ou podologue peu importe, les 2 peuvent très bien gérer le pied nu. Mais assurez-vous tout de même qu’il a bien de l’expérience et qu’il est bon dans son domaine, car on ne gère pas de la même manière les pieds d’un cheval ferré ou pieds nus… Or un bon parage est essentiel !
ai-je laissé suffisamment de temps à mon cheval ? Je vois beaucoup de propriétaires déferrer leur cheval… pour les referrer 2 mois plus tard parce que le cheval boîte toujours. Pourtant, c’est un phénomène normal. Il peut être nécessaire d’attendre 6 mois voire même un an afin que le pied repousse entièrement et ainsi que le cheval soit de nouveau confortable dans ses sabots.
Et vous, avez-vous déjà testé le pieds nus ? Racontez-nous comment ça c’est passé !
Cavalière depuis toujours, je suis l'heureuse propriétaire de 2 juments exceptionnelles : Joye et Heaven ! En parallèle à Cheval Partage, je travaille en tant que rédactrice et conceptrice de sites Internet freelance.
Poster un commentaire
Commentaires publiés
5 commentaires.
Claire, le 16/06/2021 à 17 h 12 min
Bonjour ma jument est pieds nus depuis 9 ans maintenant, avant c’était pareil que vous. Ferrée de l’avant. Elle est en retraite depuis la même année, 28 ans cette année. Ensuite c’est le maréchal ferrant qui faisait les pieds. Sauf qu’il y a quelques années j’ai un peu laissé trainer et donc elle a attrapé une seime qui est restée là plusieurs années, l’impression de payer le maréchal dans le vent. Donc j’avais déjà entendu parler de podologue équin sans franchir le pas. C’est chose faite depuis juillet 2020. J’ai vu la différence pour la seime en 1 séance. Là elle vient de passer et c’est nickel elle n’a plus rien! Enfin je peux crier victoire après avoir galéré des années.
Génial, merci pour ce retour d’expérience, ça fait plaisir à lire 😀
Gouyette, le 13/11/2021 à 10 h 28 min
Bonjour.
Je confirme. J’ai un cheval panard d’un postérieur et qui était très sur les épaules par manque de travail. Alors certes le travail a résolu le problème mais son équilibre est revenu aussi lorsque j;ai décidé de le passer pieds nus. Désormais, il pose son postérieur correctement et les tendons ne se fatiguent plus comme avant. Nous sommes dans une région montagneuse et au début, ce fut un peu difficile mais rien de terrible par rapport aux progrès constatés. Je suis une inconditionnelle des pieds nus et de toute façon, il ne faut pas oublier que c’est nous qui avons imposé les fers aux chevaux !
Cordialement
Andwool, le 05/11/2022 à 23 h 58 min
Bonjour, Votre article sur les pieds nus m’a beaucoup intéressée. J’ai une question au niveau du régime alimentaire puisque vous dites qu’une herbe trop grasse peut engendrer des problèmes de pieds.
Comment reconnaître une herbe trop grasse ? J’ai des patures ensemencées en herbe fourragère pour chevaux. Comment connaître la richesse des patûres ?
Bonjour ! Le mieux est de faire appel à un professionnel qui pourra se déplacer sur votre terrain. Angélique Descapentry est très bien réputée par exemple, mais je ne sais pas si elle se déplace dans votre secteur 🙂
Lorsqu’un cheval souffre d’une inflammation, qu’elle soit due à une blessure, à une maladie articulaire ou à une douleur quelconque, il est courant d’envisager un traitement par anti-inflammatoires. Mais saviez-vous qu’il est possible d’opter pour un anti-inflammatoire naturel pour soulager […]
Une nouvelle vidéo est sortie sur ma chaîne YouTube ! Cette fois-ci, je vous parle de la vermifugation raisonnée. Dans cette vidéo, je vous explique :🔹 Quels sont les principaux parasites internes chez le cheval🔹 Pourquoi il est indispensable de […]
Sortez le champagne ! Une nouvelle vidéo vient de sortir sur ma chaîne YouTube ! 🎉 Son thème ? Les besoins fondamentaux du cheval 😎 Savez-vous quels sont les besoins fondamentaux du cheval et pourquoi il est important de les […]
Vous n'êtes plus qu'à quelques clics de recevoir votre carnet Cheval Partage. Vous pouvez reprendre votre commande là où vous en étiez rendu dès maintenant, ou bien laisser votre adresse e-mail ci-dessous pour l'enregistrer et la terminer plus tard :
Frais de port offerts à partir de 50€ d'achat Ignorer
Claire, le 16/06/2021 à 17 h 12 min
Bonjour ma jument est pieds nus depuis 9 ans maintenant, avant c’était pareil que vous. Ferrée de l’avant. Elle est en retraite depuis la même année, 28 ans cette année. Ensuite c’est le maréchal ferrant qui faisait les pieds. Sauf qu’il y a quelques années j’ai un peu laissé trainer et donc elle a attrapé une seime qui est restée là plusieurs années, l’impression de payer le maréchal dans le vent. Donc j’avais déjà entendu parler de podologue équin sans franchir le pas. C’est chose faite depuis juillet 2020. J’ai vu la différence pour la seime en 1 séance. Là elle vient de passer et c’est nickel elle n’a plus rien! Enfin je peux crier victoire après avoir galéré des années.
kawelo, le 16/06/2021 à 17 h 58 min
Génial, merci pour ce retour d’expérience, ça fait plaisir à lire 😀
Gouyette, le 13/11/2021 à 10 h 28 min
Bonjour.
Je confirme. J’ai un cheval panard d’un postérieur et qui était très sur les épaules par manque de travail. Alors certes le travail a résolu le problème mais son équilibre est revenu aussi lorsque j;ai décidé de le passer pieds nus. Désormais, il pose son postérieur correctement et les tendons ne se fatiguent plus comme avant. Nous sommes dans une région montagneuse et au début, ce fut un peu difficile mais rien de terrible par rapport aux progrès constatés. Je suis une inconditionnelle des pieds nus et de toute façon, il ne faut pas oublier que c’est nous qui avons imposé les fers aux chevaux !
Cordialement
Andwool, le 05/11/2022 à 23 h 58 min
Bonjour, Votre article sur les pieds nus m’a beaucoup intéressée. J’ai une question au niveau du régime alimentaire puisque vous dites qu’une herbe trop grasse peut engendrer des problèmes de pieds.
Comment reconnaître une herbe trop grasse ? J’ai des patures ensemencées en herbe fourragère pour chevaux. Comment connaître la richesse des patûres ?
Elodie, le 07/11/2022 à 9 h 46 min
Bonjour ! Le mieux est de faire appel à un professionnel qui pourra se déplacer sur votre terrain. Angélique Descapentry est très bien réputée par exemple, mais je ne sais pas si elle se déplace dans votre secteur 🙂