La salivation du cheval est-elle synonyme de décontraction ?
Publié le 01/10/2019
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Catégorie : Cavalier confirmé

Cavalier confirmé La salivation du cheval est-elle synonyme de décontraction ?

En équitation, on entend souvent dire qu’un cheval qui salive, c’est un cheval qui est décontracté. Mais la salivation est-elle vraiment synonyme de décontraction ? Pas si sûr… Étudions cela de plus près :

Qu’est-ce que la salive ?

Mais avant toute chose, c’est quoi la salive ?

La salive, tu le sais, c’est un liquide biologique qui est secrété à l’intérieur de la bouche, par les glandes salivaires. Lorsque le cheval mâche, les glandes salivaires sont stimulées, et le cheval produit plus de salive.

La salivation augmente donc naturellement lorsque le cheval mange. Cela lui permet d’imprégner sa nourriture, et ainsi de la préparer à la digestion. La salivation peut également être stimulée par des odeurs, des goûts, des visuels, ou même des stimulus neuropsychologiques (stress, douleur, sensation agréable…).

Et c’est là que réside tout le problème : le cheval peut aussi bien saliver dans une situation de bien-être, que pour se soulager d’une douleur ou d’un stress quelconque. De plus, tous les individus ne salivent pas de la même manière, certains produisent davantage de salive que d’autres.

Comment savoir alors si mon cheval salive parce qu’il est bien, ou parce qu’il est contracté ?

C’est simple : si l’on ne tient compte que de la salivation, il est quasi impossible d’avoir la réponse à cette question. Pour y répondre, il faut prendre le cheval dans son ensemble :

Les chaînes musculaires du cheval : petit rappel biomécanique

Le corps du cheval est composé de deux chaînes musculaires principales :

  • La chaîne dorsale : c’est la chaîne des muscles extenseurs, elle forme la « ligne du dessus » ;
  • La chaîne ventrale : c’est la chaîne des fléchisseurs, elle inclue notamment les abdominaux.

Ces deux chaînes forment un cercle de muscles : il est nécessaire d’avoir une bonne coordination de ces deux chaînes pour obtenir un bel équilibre, une belle locomotion et, plus généralement, une bonne attitude du cheval au travail.

Or, la moindre tension anormale dans l’un de ces muscles entraîne des répercussions sur d’autres points de la chaîne, qui se contractent à leur tour. Et inversement d’ailleurs : en décontractant une partie de la chaîne, le reste se décontracte naturellement.

Ce fonctionnement est d’ailleurs le même chez nous, les humains. As-tu déjà remarqué que tous tes muscles sont contractés lorsque tu es crispé ? Y compris ceux de ta mâchoire ? Décrispe ta mâchoire, et tu sentiras d’autres tensions disparaître, comme par magie.

Mais pourquoi je te parle de tout cela au fait ? Tu vas très vite comprendre où je veux en venir :

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Et la mâchoire du cheval ?

La mâchoire du cheval est composée de deux parties :

  • Le maxillaire : c’est la partie supérieure de la mâchoire, elle est fixe ;
  • La mandibule : c’est la partie inférieure de la mâchoire, elle est mobile.

Les deux parties de la mâchoire sont reliées au crâne par l’articulation temporo-mandibulaire. Lorsque le cheval mastique, c’est cette articulation qui est utilisée.

Les muscles de la mâchoire sont reliés à la nuque, qui est elle-même reliée à l’encolure, et ainsi de suite. Or, comme nous venons de le voir, si un point de la chaîne subit une contraction anormale, le reste suit. Aussi lorsque la mâchoire se contracte anormalement, l’articulation temporo-mandibulaire se verrouille, ce qui créé des tensions dans la nuque puis dans le reste du corps.

Chez le cheval au travail, on recherche donc une mâchoire décontractée. Et cette décontraction passe justement par sa mobilisation. En effet, plus la mâchoire est libre de fonctionner librement (s’ouvrir, se fermer, mâchouiller…) et plus elle est exempte de tensions.

Comme nous l’avons vu plus haut, le fait de mâchouiller entraîne mécaniquement une augmentation de la production de salive. D’où la conclusion (hâtive) disant qu’un cheval qui salive est un cheval qui est décontracté.

En réalité, là encore tout est une histoire de juste milieu :

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Excès de salive

Tu as sans doute déjà vu des chevaux qui salivaient tellement que leur bouche était recouverte d’une sorte de mousse. Ce type de salivation n’est pas due à la décontraction du cheval, mais plutôt au fait que la salive ne peut pas s’évacuer correctement. Plusieurs choses peuvent empêcher la bonne déglutition :

  • Matériel inadapté (mors trop gros par exemple) ou mal réglé. Il paraitrait d’ailleurs que le problème ne vienne pas tant d’une muserolle trop serrée, mais plutôt de la têtière. En effet, les ramifications nerveuses des glandes salivaires se situent majoritairement sous la têtière. Cela étant, ton cheval ne se portera que mieux avec une muserolle correctement ajustée (voire pas de muserolle du tout) ;
  • Main trop dure ;
  • Angle tête / encolure trop fermé : lorsque le cheval est encapuchonné, la déglutition est rendue plus difficile à cause de la compression du pharynx et du larynx, entre autres ;
  • Efforts intenses : en cas d’efforts intenses, le cheval peut avoir du mal à déglutir et à respirer en même temps. La priorité est alors mise sur la respiration. D’où l’intérêt de rester à l’écoute de ton cheval, et de bien gérer les efforts demandés.

Important : si ton cheval sécrète beaucoup de salive en dehors du travail, contacte ton vétérinaire. Une hyper-salivation peut être symptomatique de :

  • Maladie grave : la rage, l’artérite virale équine (AVE) ou encore du virus de la maladie de Borna ;
  • Intoxication : ingestion de plantes toxiques, intoxication aux métaux lourds…
  • Infection ou inflammation du pharynx (dans le cas de la gourme par exemple) ;
  • Ulcères ;
  • Problèmes dentaires ;
  • Causes hépatiques.

Bouche sèche

Pour autant, l’absence totale de salive n’est pas un bon signe non plus. Chez le cheval comme chez l’homme, la bouche sèche peut être la conséquence d’un stress intense.

Le cheval peut alors être tenté de bailler et de mobiliser fortement sa mâchoire pour retrouver une salivation normale. Mais encore faut-il que son équipement et son cavalier le lui permettent ! Une main trop dure, un mors inadapté, des équipements trop serrés… peuvent l’en empêcher.

D’où l’intérêt d’avoir une main douce, et du matériel adapté et correctement réglé.

Important : si ton cheval a la bouche sèche en dehors des séances de travail, contacte un vétérinaire. La bouche sèche peut en effet résulter d’une déshydratation, d’une maladie, de médicaments…

Dans tous les cas, garde bien en tête que chaque cheval est différent. Il est normal que certains produisent plus de salive que d’autres, et ce que ce soit au travail ou au repos.

Le juste milieu

Le juste milieu c’est donc un peu de salive, mais pas trop. Pas toujours facile de s’en rendre compte, et encore moins en selle ! Pour savoir si ton cheval est décontracté, ne te concentre donc pas uniquement sur la production de sa salive, et regarde le cheval dans son ensemble :

  • La décontraction de sa mâchoire : est-elle mobile ? Le cheval est-il libre d’ouvrir sa bouche, de mâchouiller son mors ?
  • L’attitude global de ton cheval : l’angle tête/encolure est-il correct ? N’oublie pas qu’il vaut mieux un angle trop ouvert, qu’un angle trop fermé. Ses abdos sont-ils contractés ? Sa ligne du dessus est-elle tendue ?
  • L’équilibre et la locomotion : l’équilibre de ton cheval est-il juste ? Se déplace-t-il avec fluidité ? Un cheval qui trébuche ou est en gros déséquilibre, ne peut pas être pleinement décontracté dans son corps ni dans sa bouche.
  • Qualité du contact : ponctuellement, avance franchement ta main intérieure, de manière à détendre ta rêne. L’équilibre et la locomotion de ton cheval ne devraient pas en être affectés, sinon cela signifie que ton cheval s’appuie sur ta main comme sur une béquille, et donc qu’il y a des tensions quelque part.

Plus généralement, la mise en place du cheval ne doit être obtenue que dans la décontraction, par un contact moelleux. Si elle est obtenue par la force (matériel trop serré ou inadapté, main du cavalier trop dure), le cheval ne pourra pas travailler dans le relâchement. Ses chaînes musculaires ne travailleront pas correctement.

L’œuf ou la poule ?

Une question se pose toujours toutefois : est-ce le fait de mâcher (et donc de saliver) qui permet la décontraction ? Ou bien le fait d’être décontracté qui fait mâcher le cheval ?

A l’heure actuelle, nul ne le sait. Peut-être même est-ce les deux. C’est en tout cas ce que j’ai tendance à croire, à titre personnel.

Des études montrent bien qu’un cheval a tendance à mâchouiller après un stress, très probablement en réponse à la bouche sèche, mais nous n’en savons pas davantage.

D’ailleurs, s’il est vrai que certains matériaux de mors peuvent entraîner une légère augmentation de la salivation (cf la première partie, où j’explique que le goût peut avoir un impact sur la production de la salive), rien ne prouve en revanche que cela a un réel impact sur la décontraction globale du cheval.

Pour conclure, il n’est pas réellement utile de trop s’attarder sur la salivation du cheval. Ou plutôt, il ne faut pas tout baser dessus. En matière de décontraction, comme dans bien d’autres domaines, aie une vision globale du fonctionnement de ton cheval. Reste à l’écoute aussi bien de ton cheval que de tes sensations, et tu développeras peu à peu ta sensibilité à ce sujet.

Monter les yeux fermés (à condition bien sûr de faire cela dans un environnement clos et sécurisé) peut t’aider à mieux ressentir les choses.

Cavalière depuis toujours, je suis l'heureuse propriétaire de 2 juments exceptionnelles : Joye et Heaven ! En parallèle à Cheval Partage, je travaille en tant que rédactrice et conceptrice de sites Internet freelance.

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