Publié le 06/02/2015
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Cavalier confirmé [Réflexions] Enrênements et mise en main ?

En matière d’enrênements nous avons chacun nos propres habitudes et préférences : certains en utilisent toute une panoplie, d’autres ne jurent que par un seul type d’enrênement et d’autres encore n’aiment pas les artifices et préfèrent s’en passer. Je fais certainement partie de cette dernière catégorie et je vais vous exposer mon point de vue concernant les enrênements et la mise en main dans cet article.

A quoi ça sert ?

L’utilité d’un enrênement est principalement de se servir d‘un outil avec une action mécanique dont l’objectif est d’obtenir une position particulière d’une partie ou de l’ensemble du corps du cheval. Selon l’utilisation qui en est faite par le cavalier et le réglage choisi, la contrainte occasionnée par celui-ci est plus ou moins grande : quasiment pas de contraintes pour un enrênement lâche jusqu’à une impossibilité de mouvement (de tête et d’encolure le plus souvent) avec un enrênement trop serré.

Nous allons voir les enrênements les plus couramment utilisés pour le travail monté du cheval.

Les rênes allemandes

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Les rênes allemandes sont très utilisées aujourd’hui et tout particulièrement par les cavaliers qui ont des difficultés ou qui ne savent pas mettre leur cheval correctement sur la main. Grâce à leur effet abaisseur et enrouleur qui agit sur l’ensemble de l’encolure il est relativement facile d’obtenir un chanfrein proche de la verticale sur une encolure basse simplement en ajustant les rênes.

Seulement cette méthode pour obtenir un semblant de mise en main comporte de nombreux défauts :

  • Tendance à s’encapuchonner
  • L’encolure est cassée au niveau de la 3ème cervicale, ce qui est un défaut avéré de mise en main
  • Encolure affaissée, le cheval ne se tient pas
  • Mauvais fonctionnement du dos et de l’arrière-main si l’attitude est mauvaise

Le gogue

On distingue le gogue fixe du gogue commandé qui se branche sur une seconde paire de rênes. Ces deux types de gogue permettent de fermer l’angle tête-encolure grâce à un système de branchement reliant la nuque au poitrail par l’intermédiaire du mors.

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L’action pourrait sembler proche des rênes allemandes, pourtant le gogue n’agit qu’au niveau de la nuque tandis que les rênes allemandes ont une action globale sur toute l’encolure du cheval. Les principaux défauts :

  • Mouvement de balancier bloqué en gogue fixe ou faussé par la main du cavalier en gogue commandé
  • Appui constant et parfois trop important sur l’enrênement qui se substitue alors à la main du cavalier
  • Pas de cession de mâchoire ni de nuque donc pas de décontraction
  • Trop serré il aboutit à un faux placé : le “plaqué” très néfaste pour les cervicales
journal de bord équestre

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La mise en main avec un enrênement

L’utilisation de ces deux enrênements a généralement pour seul but d’obtenir une belle attitude du bout du devant par un système mécanique qui place le cheval artificiellement dans la position souhaitée. Or la véritable mise en main vient d’elle-même, lorsque le cheval est suffisamment rassemblé. Elle implique également une décontraction de la nuque et de la mâchoire, ce qui n’est possible que sur un contact léger.

Le problème de la mise en main avec un enrênement c’est que le système coulissant du gogue ou des rênes allemandes ne permet pas de céder au moment ou le cheval cède dans sa nuque et dans sa bouche, ce qui est totalement contre-éducatif. Ne pouvant pas se détendre le cheval reste figé et contracté dans l’attitude qu’on lui a assigné et s’engouffre dans les moindres défauts de celui-ci pour se soulager comme s’appuyer sur le gogue ou s’encapuchonner avec les rênes allemandes. L’attitude ainsi obtenue étant fausse et contractée le dos et l’arrière main travaillent mal. Une fois l’enrênement retiré le cheval n’a rien appris et reprend sa posture initiale.

Conséquences

J’aime la comparaison des enrênements avec un corset médical parfois utilisé chez les personnes ayant des difficultés à se tenir droite. Lorsque l’on met le corset, sur l’instant on se tient mieux et ça peut même être douloureux de prendre cette nouvelle posture inhabituelle. Si on le garde quotidiennement, le corps s’habitue puis s’appuie sur le corset ce qui conduit à une dé-musculation du dos qui se laisse porter par le corset. Résultat, lorsqu’on enlève le corset au lieu de nous tenir droit nous nous affaissons car notre dos a perdu l’habitude de se porter par lui-même.

Les enrênements peuvent effectivement aider le cavalier sur le moment mais utilisés trop souvent ils conduisent à de mauvaises habitudes qui détériorent l’attitude et la musculation du cheval.

Utiliser un enrênement vous prive également de la possibilité de prendre conscience des éventuels défauts de votre main et de vous améliorer en les corrigeant. Les défauts que prendra votre cheval, s’ils ne sont pas dus à un manque d’entrainement viendront forcément de vous et souvent, de votre main.

Les alternatives

Vous me direz maintenant mais comment faire si les enrênements ne permettent pas de progresser et muscler mon cheval ?

Le travail du cheval dans le bon sens ainsi que son apprentissage peut tout à fait s’obtenir sans enrênement. La progressivité est le point essentiel car il sera impossible d’obtenir certaines attitudes si la musculation n’y est pas du tout disposée. N’ayez pas peur de laisser votre cheval dans une attitude naturelle, ce n’est pas parce qu’il est complètement ouvert que l’arrière-main ne travaille pas. Préoccupez vous de la condition physique générale de votre cheval, de son moral, de son mental, de sa compréhension et sa légèreté aux aides avant de vouloir fermer à tout prix le bout du devant.

Lorsque vous vous serez occupé de tout cela et que votre cheval sera prêt à évoluer dans son travail vous pourrez commencer à rechercher la décontraction en multipliant les cessions de nuque. Vous améliorerez par ailleurs la qualité de l’équilibre de votre cheval tout en conservant sa légèreté. Selon moi, la voie royale vers l’équitation supérieure.

Partagez-vous mon avis ? N’hésitez pas à commenter, je sais que ce sujet risque de faire débat, j’attends vos arguments 😉

Auteur du blog Eduquer son Cheval et professionnelle du milieu équestre, je partage avec vous mon expérience du comportement et du travail du cheval.

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Commentaires publiés

4 commentaires.

  • Super article vraiment très intéressant, mais il ne faut pas oublier de dire qu’avant d’obtenir une cesse de nuque il faut d’abord chercher la décontraction de la mâchoire :-).

  • Malheureusement la majeure partie des photos ou croquis illustrant vos propos sont partial et la parfaite illustration de la mauvaise utilisation de certains enrênements . Ils peuvent empêcher de franchir certaines limites . je lis que l’enrôlement ne permet pas la musculation ( faux etc … ) la mauvaise utilisation doublée du mauvais ajustage et qui lus est dans des mains inappropriées et inexpertes sont des dangers .

  • je partage votre avis.
    quel est votre avis pour le travail sur la longe ? avec ou sans enrênements ?

  • Eric, malheureusement je ne vois pas en quoi mes illustrations sont partiales puisqu’on ne voit même pas de cheval en rollkür, ce qui aurait été pourtant un chouette et évident raccourci. Pour avoir déjà utilisé chacun d’entre eux je n’ai pas eu l’impression qu’ils empêchaient certaines limites, à part peut-être pour la martingale fixe qui joue se rôle à la perfection. Mais d’utiliser des rênes allemandes ou un gogue pour la mise en main alors que celle-ci découle d’une attitude décontractée et d’un équilibre juste fausse totalement le dressage d’un cheval. Avez-vous essayé d’utiliser un enrênement pendant un temps puis de le retirer et de constater que vous aviez exactement les mêmes problèmes qu’avant de l’avoir mis ? De toute évidence un enrênement quelque soit son utilisation et quelque soit sont ajustement, au mieux, ne résout rien et au pire, donne des défauts au cheval.

    Bourdon, pour ce qui est du travail en longe, je ne recommande bien sûr pas d’enrênements. Il permet une remise en forme du cheval qui reprend le travail ou d’une détente du cheval au travail.

    Désolé du grand retard à répondre à vos commentaires.

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